Dominant le village de son imposante silhouette, la collégiale de Bueil est un édifice surprenant. Le visiteur qui y pénètre pour la première fois a l’impression de se trouver d’abord dans une sorte de vestibule voûté, avant d’entrer ensuite dans l’église proprement dite. Pour comprendre ce phénomène, il faut avoir présent à l’esprit que ce que l’on a l’habitude d’appeler «la» collégiale est en réalité un ensemble d’édifices juxtaposés dont la construction s’échelonne sur cinq siècles et que l’histoire du bâtiment est en grande partie liée à l’histoire de la grande famille de Bueil et à son expansion.
L’église romane
Il y a neuf cents ans, une petite église, déjà, se dressait sur ce rocher. Succédant probablement à plusieurs anciens édifices de bois, couverte de petites tuiles plates, elle était construite en pierre. Eclairée par de modestes fenêtres en plein cintre, toujours visibles sur le mur nord de l’édifice, elle occupait l’emplacement de la nef actuelle.
Hugues de Vaux, premier seigneur de Bueil connu, «tenait dans sa main» cette église placée sous le vocable de Saint Pierre. Se conformant à la réforme grégorienne, il en fit don, en 1108, à l’abbaye Saint Julien de Tours. Au milieu du XIIIème siècle, les moines transformèrent l’église en un petit monastère dont le prieur était également curé de la paroisse.
Les reliques
Mais de tous les objets présentés à la dévotion des fidèles, les plus importants étaient les éléments de la grande collection de reliques que les seigneurs de Bueil avaient constituée au cours des siècles. Si la collégiale est dédiée à Saint Michel, le combattant suprême, elle est aussi dédiée aux Saint Innocents, ces nourrissons que le roi Hérode fit assassiner dans l’espoir de tuer l’Enfant-Dieu. Les seigneurs de Bueil, selon la légende familiale, auraient participé à la croisade ; c’est de là qu’ils tirent leur blason au croissant montant. Ils auraient ramené de leurs lointaines expéditions des reliques de première importance évoquant la Terre Sainte et tout particulièrement la Nativité comme un berceau d’osier attribué à l’un des Saint Innocents.