Briançon à Aiguilhe
Cahier de route de l’étape : Briançon – Aiguilhe près de
Le Puy en Velay écrit par Pascale
Lundi 4 octobre 2010 – 56° jour
Briançon – Freissinières – 27 km – carte
Tôt le matin, nous quittons l’auberge des remparts, Emmanuel, Mirella, Paolo et moi pour la messe à la collégiale. Le ciel bas et lourd, les rues désertes, le vent gémissant sur la place…Embrum n’a rien avoir avec la riante ville touristique du mois d’août.
Dans la grande église sombre une petite sœur boitillante et vive nous attend. Sœur Paulette, ou plutôt sœur Hanako, (prénom japonais signifiant “Fleur épanouie”), dresse la table pour l’eucharistie. Aujourd’hui c’est la saint François ; ça fait un an que nous sommes partis du Gargano! Nous sommes heureux de “rendre grâce” au Seigneur, à saint Michel, et à tant d’autres pour tout ce que nous avons reçu, pour cet accompagnement sans faille. A la fin de la messe, Paolo lit le cantique des créatures. Sa voix se voile devant la beauté du texte, des larmes d’émotion jaillissent ; Paolo est un poète.
Nous retournons à l’auberge pour prendre un petit déjeuner royal, autour du gâteau d’anniversaire que Mirella a amené de Vicenza. La bougie allumée et soufflée à grands bruits par une équipe heureuse d’être ensemble, un peu excitée par le départ imminent. On se distribue nos rôles : Paolo : la bourse, Emmanuel : les cartes, Mirella : le glanage, et moi : la communication. Anne Marie l’aubergiste se joint à nous. Elle vient de Concarnau et s’inquiète pour sa mère malade restée en Bretagne. Anne Marie vit dans les montagnes depuis plus de cinquante ans, elle y a rencontré son mari qui soignait ses poumons. Lui venait du Maghreb. Embruu : terre de rencontre !
Nous voilà partis, sacs au dos. La route longe la Durance, petit filet d’eau bondissant dans la vallée. Les couleurs de l’automne éclatent au soleil du matin sur fond de ciel gris ardoise.
A Villar-Saint-Pancrace, devant sa maison au toit de bardeau, une femme nous souhaite bonne route pour Compostelle. Cette ville est balisée depuis la frontière et les pèlerins sont légion l’été. Nous nous arrêtons sous la façade de l’église romane décorée de têtes naïves et touchantes. La campagne témoigne d’une intense activité agricole révolue. On devine encore le tracé des champs taillés à flancs de montagne. Notre carte étant modérément détaillée nous sommes un peu perdus ; l’habitat dispersé fait qu’on ne sait pas trop à quel village sont rattachés les hameaux. Blaise et Mario
nous remettent dans le bon chemin, nous donnent des coordonnées de gîtes pour ce soir. Ils remplissent nos gourdes et nous souhaitent bonne route. La vallée de la Durance se resserre, la route taillée dans la roche débouche sur un pont qui traverse la rivière. A Presles, l’unique commerce :”chez Ginette” est un voyage dans le temps. Ginette octogénaire pétillante, attablée dans sa cuisine derrière le comptoir, nous accueille avec le sourire. Elle nous sert un café dans la grande salle et raconte son village. La fermeture de l’épicerie, la difficulté pour les personnes âgées à se ravitailler désormais, les buveurs qui engloutissent le prix des couches de leur bébés, les joueurs plus rares qu’avant…Le village qui meurt tout doucettement. Nous longeons des vignes, plantées à 1400m d’altitude, célèbres du XVème au XVIIIème, et aujourd’hui abandonnées. On peut voir, les chais et les pressoirs en ruine taillés dans la falaise. Les nuages menacent, nous nous préparons à l’averse ! Je ferme soigneusement les sacs poubelles qui imperméabilisent le linge dans mon sac à dos, sors mon parapluie et essuie les premières gouttes. On arrive à Argentière, la ville de l’argent où dès l’époque romaine on recueillait le précieux métal. Aujourd’hui, toute la ville est argentée et luisante de pluie. On achète de quoi déjeuner au Chopi où Mirella s’émerveille devant le vaste rayon de laitages. (En Italie quelques pots de yaourts se battent en duel avec 1 ou 2 fromages.) On se réfugie dégoulinants au restaurant de la mairie : pic-nic, bière… On en profite pour réserver un gîte pour ce soir, ce qui s’avère compliqué car la saison touristique est terminée. A Freissinières on peut nous loger ! Réchauffés et rassurés, nous repartons. Nous passons sous l’entrée de la mine et traversons la vieille ville, la pluie avive le rose de la chapelle romane. Encapuchonnés, rincés par la pluie, secoués par les bourrasques nous avançons besogneusement. Nous quittons la Durance par une route adossée à une falaise rouge, luisante d’eau. Nous traversons Pallon, pittoresque village de pierre bâtit le long de cascades. La rumeur de toutes ces eaux, alors que nous sommes dégoulinants, nous encourage à arriver au plus vite, se mettre au sec. Passée une gorge, nous débouchons dans une étroite vallée. On avance d’un bon pas, sur la route, nez au vent glacé : plus que 6 km. Un mini bus s’arrête : c’est notre hôte venu à notre rencontre, des automobilistes l’ont prévenu qu’on arrivait : fin de la saucée ! Le chien vient à notre rencontre, il s’appelle Eden. C’est tout à fait ça : accueil chaleureux, chaufferie pour sécher nos vêtements, 2 studios pour cuisiner et dormir, des douches chaudes pour enlever la fatigue. Ce grand chalet en bois est un véritable paradis. Laurent et Julie Siméonie, ces jeunes hôteliers passionnés de montagne, sont aussi guides. Devant notre équipement sommaire, Laurent s’interroge. Quand il apprend qu’Emmanuel a prévu de nous faire passer à travers le massif des Écrins, il répond que la pluie de la journée c’est le la neige au sommet, que les balises sont donc enfouies, qu’on risque de se perdre, qu’on n’est pas équipés pour et qu’en montagne, on ne compte pas en kilomètre, mais en temps. Il dit que les pèlerins prenaient la route du “balcon” : celle qui surplombe la vallée à 1000m d’altitude, sans trop monter ni descendre. Soit ! On s’incline devant tant de sagesse et tant de fatigue économisée !
Mardi 5 octobre 2010 – 57° jour
Freissinières – Embrun – 33 km – carte
Nous marchons sous un ciel limpide, déjà le soleil illumine la neige des sommets. Laurent avait bien raison ! La brume s’élève au-dessus de la rivière. La vaillante petite route goudronnée traverse une nature lavée à grand eau, elle bondit sur les mamelons, serpente à travers la forêt multicolore dans la lumière du matin. On dirait un ruban gris posé là pour nous. On traverse des villages typiques ; maisons de bois et pierre surplombant la vallée : nous sommes bien au balcon! Les anges naïvement sculptés sur l’église romane de Champcello semblent nous faire signe.
A partir de Goia, ni route, ni chemin…On s’adapte en suivant les sillons tracés par les vaches. On descend beaucoup et nous voilà à Pasques, où une bergère emmène ses moutons dans la montagne. Il commence à faire chaud, on lézarde un peu. Nous sommes au confluent de deux larges plaines, dominées par une imposante fortification de l’époque de Vauban ; Mont Dauphin.
Le fleuve argenté qu’est devenu la Durance, s’écoule entre les parois abruptes de la montagne. Les villages s’égrènent le long de la route, à mi-hauteur entre la plaine et les sommets. Des ouvriers travaillent à la refaire, (entre la neige de l’hiver et les chaleur de l’été, elle est mise à rude épreuve !) Ils nous disent que les bars sont le long de la nationale…en bas! On préfère l’absence de dénivelés à la saveur d’un bon café ! Sur la route, quelques petits vignobles à moitié abandonnés croulent de raisins. Mirella, experte en glanage, a vite fait d’en goûter, et devant son enthousiasme, nous voilà tous les 4 à nous empiffrer comme une volée de moineaux. Nous entrons à saint Clément sur Durance. Passé le vieux pont et les rues étroites, nous voilà à l’ombre des tilleuls devant la massive église : repas. Pendant que certains dorment, d’autres visitent le bourg : des maisons aux façades en bois, un puits au centre de la place, des treilles de vigne croulant de raisins dorés, et sur la hauteur, le vieux donjon.
Des balises indiquent le chemin de Saint Jacques. C’est la route des pèlerins qui va au Puy-en-Velais, pôle de départ pour Saint Jacques de Compostelle. Mais ici, ce fléchage concerne plutôt les randonneurs. On le constate rapidement : la très jolie route zigzague, tournicote, épouse toutes les courbes de la montagne. On cherche un moyen de couper car le mont Saint-Michel est encore loin, et le pèlerin économise son temps et ses forces ! Un apiculteur nous montre le raccourci. Nous voilà au bord de la bruyante mais rapide route nationale. Plusieurs kilomètres plus tard, nous décidons de longer les rails pour s’éloigner du bruit : l’avantage c’est qu’il n’y a pas de dénivelé, l’inconvénient, c’est le ballast qui fait mal aux pieds. Nous arrivons à Chateauroux, jolie bourgade aux grandes auberges fleuries de géraniums. Nous coupons à travers des champs mauves de colchiques, et pressons le pas : Embrun n’est plus très loin, on aimerait aller à la messe et déjà, on entend les cloches sonner. On traverse la vieille ville, entrons, jambes tremblantes, dans la majestueuse église romane: une musique baigne le lieu, un autel est préparé…mais il n’y a personne. Manou comprend, en lisant une petite affiche, que la messe a lieu dans le presbytère. Là, une femme nous explique que le curé étant absent, il n’y a pas de messe aujourd’hui. Emmanuel propose de la dire. La femme très embarrassée préfère qu’on attende la permission du curé. Soit! On lui demande s’il y a un lieu pour les pèlerins et elle nous ouvre la salle sainte Anne, où, nous dit-elle, la paroisse à l’habitude de recevoir les groupes de passage. En attendant le retour du curé, on file faire les courses pour le dîner. Puis on fait nos ablutions dans les toilettes, on prépare le dîner, et vue l’heure tardive, on mange. Il fait déjà nuit, quand arrivent 2 soeurs. Etant la “responsable de la communication”, je vais au devant d’elles et présente notre groupe. Elles me regardent comme si je tombais de la lune, s’inquiètent de la réaction du curé, et dès qu’elles le voient, s’enfuient. Je vais au devant de lui et lui explique qui nous sommes et comment nous sommes arrivés ici. Lui, cinglant, répond : ” Vous n’êtes pas les bienvenus!” Il nous traite de faux pèlerins, squatters, menteurs, manipulateurs et j’en passe. Il ne m’en faut pas plus pour me mettre méchamment en colère, alors qu’Emmanuel, très calme, essaye de lui faire comprendre notre démarche, en vain. Paolo et Mirella pétrifiés, regardent sans comprendre. Je lui propose qu’on s’en aille, mais il répond que s’il acceptait, il serait “encore plus méchant” que nous. Puis, il ferme le portail de la cours à clé, en disant que comme ça, on ne pourra pas faire la bringue dans les bars!
Bon d’accord, il est sur ses terres. De plus il a eu une longue et fatigante journée, et puis dans la région les prêtres sont très rares, leur territoire paroissial immense : ils passent leur temps à courir pour faire tourner la machine. Plus ça va, plus je trouve que les baptisés devraient devenir adultes, pour prendre leur pleine part de Chrétiens. Les paroisses devraient s’organiser autour des baptisés, laïcs avant tout, en union avec un prêtre si c’est possible, ça permettrait aux prêtres de n’être sollicités que pour ce dont ils ont un rôle spécifique : les sacrements de l’eucharistie et de la réconciliation, et de consacrer ainsi leurs forces vives à l’essentiel. Il me semble qu’en période de crise, il faut inventer ; nous n’avons pas le choix. On ne peut plus charger sur les épaules des pauvres curés (peu nombreux, et vieillissants) tant de missions si lourdes et chronophages, chacun doit prendre sa place autour du Christ, seul Pasteur.
Mercredi 6 octobre 2010 – 58° jour
Embrun – La Batie Neuve – 32 km – carte
Il fait encore nuit, quand nous sortons dans la rue, Emmanuel a trouvé un système pour ouvrir le portail. Sur la place, le marché s’installe, les bars sont ouverts, le café et les croissants nous aident à tourner cette page désagréable. Le barman tamponne nos crédenciales. Nous confions à saint Michel cette journée qui commence, et nous voilà repartis le long de la nationale, encore assez peu fréquentée. Les collégiens, aux yeux embués de sommeil, attendent les bus scolaires.
Nous arrivons à la hauteur du lac de Serre Ponçon, la plus grande retenue d’eau de France. Sur une digue, loin des voitures, nous longeons le lac qui se pare des couleurs changeantes du lever du soleil. Ici, tout est calme, paix et beauté. Emmanuel et Paolo prennent des photos, Mirella avance au rythme de ses cannes, un grand sourire aux lèvres, et moi j’admire les cailloux polis par les torrents, les bois flottés aux formes étonnantes, les taches vives dans l’eau si bleue ; reflets d’arbres rouges, jaunes, verts. Cette harmonie nous apaise. Nous marchons sur la plage et arrivons au bord du Boscodon, petite rivière coulant au fond d’un amas impressionnant de gravats. En période de crue, elle peut charrier 100.000m3 de boue et de rocher. Nous passons devant des pelleteuses, des camions, escaladons les dunes de pierraille et traversons pieds nus l’eau saisissante du Boscodon.
Nous quittons la rive du lac à Saint Féréol. Un sentier nous mène à travers bois jusqu’à Savines le lac. Savines construite en 1961, remplace l’ancienne ville désormais au fond du lac. L’église en béton abrite des vitraux illustrant la création selon la Genèse. Un tableau ancien représente un ange agenouillé devant saint Rock, le pèlerin. L’ange lui panse délicatement la plaie à la cuisse : nous sommes bien sur une route de pèlerinage, l’image de saint Rock l’atteste, quant à nous, celle de l’ange nous fait signe. Sous le soleil, Savines m’enchante. Cette station balnéaire tracée au cordeau, nette et sans bavure, les immeubles fraîchement repeints, les larges rues fleuries, les cafés, tout cela me fait penser à la Normandie de mon enfance, reconstruite après-guerre.
Au bar, pendant le repas, nous cherchons dans l’annuaire les coordonnées des presbytères : en prévenant on a moins de risques de se prendre une douche froide comme à Embrun. Un grand pont traverse le lac que nous longeons encore quelques heures. Nous apercevons une petite chapelle blanche bâtie sur un îlot : c’est le mont saint Michel! Nous gravissons la montagne par une jolie route qui traverse un paysage de carte postale : sapins, champs ensoleillés, bergeries, le massif des Écrins, le lac miroitant… A Pra Prunier, au centre d’une grande ferme il y a une église…ouverte : Saint Michel! Plus loin, nous traversons un hameau, il fait chaud, un homme, que nos pas réveillent de la sieste, nous offre une délicieuse eau fraîche.
A Prunières, nous nous étalons dans un champs : goûter, sieste, bain de soleil et de nature !
Nous repartons, le pas alourdi par tous les kilomètres parcourus. A Chorges, dans l’église, le bénitier est orné d’une énorme coquille saint Jacques. On se repose sur les bancs, puis au café, devant une bière, je passe des coups de fil pour trouver où se loger ce soir. Après une dizaine d’essais, on me répond qu’à La Bâtie neuve, il y a de la place au presbytère! Alléluia !
En sortant de Chorges, nous croisons Daniel, randonneur solitaire, qui nous indique la route.
C’est à la tombée de la nuit que nous arrivons à La Bâtie neuve. Nous longeons un grand quartier tout neuf, et pénétrons dans la vieille ville. On téléphone pour signaler notre arrivée et Hubert vient à notre rencontre. Il indique où faire nos courses, et pendant que les hommes s’en chargent, nous assistons, Mirella et moi, à la réunion de préparation de la messe dominicale. Marie Jeanne et Hubert, son mari, y travaillent avec quelques autres. Ils nous font très bon accueil. Ces laïcs sont les piliers de la paroisse, ils donnent de leur temps et de leur énergie à maintenir une présence chrétienne ici. Il n’y a plus de prêtre à La Bâtie neuve. Ils ont rénové avec des amis la chapelle du cimetière car l’église du village est dans un tel état de délabrement qu’elle est fermée au culte. Ce soir nous assistons ensemble à la messe dans une petite salle du presbytère aménagée avec soin. Après la messe, Hubert à trouvé bon de nous inviter chez lui. Il nous emmène en voiture aux Casses Vivert où au rez de chaussée de sa maison ils ont aménagé un studio pour loger leurs enfants pour les vacances. Marie Jeanne semble un peu inquiète de ce débarquement d’étrangers, mais bien vite dans la cuisine les liens se tissent. Elle sort sa belle vaisselle, prépare un savoureux repas, et ensemble nous passons une joyeuse et chaleureuse soirée à évoquer leur vie ici et notre route. Ils nous confient leur inquiétude face au manque de prêtres et à la déchristianisation du pays. Ils sont Bretons tous deux. Hubert connaît parfaitement la région qu’il a parcouru avec son camion de livraison. A la retraite, ils s’occupent de leur jardin, de la paroisse et de beaucoup d’autres choses, comme tant de retraités pleinement actifs. Leur maison est décorée d’angelots, partout : saint Michel avait préparée cette rencontre! Nous sommes émus par tant de gentillesse.
Jeudi 7 octobre 2010 – 59° jour
La Batie Neuve – La Roche des Arnauds – 23 km – carte
Tout à fait reposés, on se retrouve tous autour du petit déjeuner comme en famille. Ensemble nous confions notre journée à saint Michel. Hubert et Marie Jeanne nous invitent chaleureusement à revenir les voir, et nous nous séparons à regrets. Nous traversons la ferme de Denise, amie de Marie Jeanne. Elle nous attend sourire aux lèvres et nous offre du chocolat ! Nous longeons la voie ferrée, et traversons les collines jusqu’à la “grande ville” : Gap. La grogne monte en France, le gouvernement veut remanier les retraites et les gens protestent. Claudine et Evelyne, Cégétistes, proposent de signer des pétitions. Elles sont surprises de nous voir randonner en ville. Nous longeons une interminable zone commerciale…On n’est plus habitués à tout ça ! Un homme, poussant son vélo nous indique centre-ville. On lui donne notre “carte de visite”. (Il nous téléphonera quand nous serons au Puy, pour savoir si l’étape s’est bien passée.)
Gap est vraiment une belle ville : rues piétonnes, places vivantes, immeubles anciens fraîchement crépis. Nous nous installons longuement à une terrasse de café. On écrit nos cartes postales, le journal de bord, Emmanuel consulte les cartes. Sa maman lui a offert un anneau de Michelot en argent un peu trop grand, nous cherchons un bijoutier pour prendre la mesure de son doigt, le seul ouvert s’appelle “l’archange” !
Mirella et Paolo revenus des courses, nous mangeons le piquenique derrière la cathédrale. Repus et reposés, nous quittons Gap : encore des faubourgs et des routes en tous sens, puis une côte interminable en plein soleil. Mais là-haut nous découvrons une vue grandiose sur le massif des Écrins et la vallée de la Durance. Le sac de Mirella n’est pas plus gros que le nôtre, mais il abrite des surprises : régulièrement elle en sort des friandises, fruits, chocolats, légumes…On lui suggère de manger tout son garde-manger qui pèse sur son dos. Chose faite, près d’une source, sous le vol silencieux des deltaplanes. C’en est fini de la Durance. Passé un plateau au paysage lunaire, nous redescendons vers une vallée. Avant les maisons étaient couvertes d’ardoises ou de lauzes, ici ce sont des tuiles. On arrive à La Roche des Arnauds. Sur la place de la poste, un beau coq français en bronze étincelant orne le monument aux morts, devant lequel les enfants, que les bus scolaires ont déposés, attendent leurs parents. On se dirige vers l’église d’un pas fatigué. Un groupe d’hommes, classeur en main, arrêtent Paolo puis Manou. Ils sont choristes et randonneurs. Ils nous demandent où l’on va, d’où l’on vient, et surtout où nous dormons.; ça tombe bien! Ils nous proposent de nous emmener dans la salle municipale de Manteyer. Bien sûr qu’on accepte ! Claude, Gérard et Guy (le maire) nous amènent en voiture, nous présentent à Sylvie, la secrétaire de Mairie. L’ancienne école communale, flambant neuve grâce aux 50 000 € qu’un villageois a légué à la municipalité, est pour nous; douches chaudes, grande salle où dérouler nos petits matelas. Gérard nous annonce le retour du loup dans la montagne, ce qui suscite des débats passionnés : pour les battues, ou pour la bête ? Moi ça me plaît de savoir que là-haut, dans la nuit, il y a un loup qui veille.
Vendredi 8 octobre 2010 – 60° jour
Manteyer – La Beaume – 35 km – carte
Il fait encore nuit quand nous partons. Nous prenons une ancienne voie de chemin de fer transformée en G.R., passons devant la chapelle saint Rock et longeons le Petit Buëch pendant plusieurs kilomètres. Nous le traversons peu avant Veynes. Des petits canaux d’irrigation sillonnent les champs, ce sont les ortiages, destinés aux potagers. Après de longues luttes, la population obtient en 1296 un décret permettant le libre arrosage et la permission de faire passer les canaux dans les propriétés privées.
Veynes est une jolie ville qui a vu son essor grâce au chemin de fer. Le premier train arrive en 1875 et desservait Paris, Lyon et la Méditerranée. Grâce au train et à la construction de quelques routes, les montagnes devenaient désormais accessibles et la vie économique pouvait s’y développer. J’ai l’impression qu’il n’a pas stoppé l’hémorragie de l’exode rural, au contraire. Dans l’église saint Sauveur, des femmes énergiques et joyeuses fleurissent et nettoient. La longue rue aux maisons peintes débouche sur une place où, sous les tours du château, nous rencontrons Gérard notre choriste de la veille. Pour nous, c’est l’heure du café.
Après Veynes, c’est Saint Marcellin, où nous quittons la vallée pour marcher à travers bois et collines sur un chemin de terre. Sur le capot d’une voiture garée au milieu de nulle part, nous lisons “Qui sème des fleurs récolte de la tendresse.” joli, non ? Nous redescendons à travers la forêt sur le Grand Buëch et nous arrêtons au village d’Aspres sur Buëch. Dans l’épicerie nous parlons avec un client intéressé par notre marche. Il nous conseille d’aller à Saint Pierre goûter l’eau pétillante. Cet agriculteur sort de sa poche une pièce romaine en bronze trouvée en labourant ce matin. Depuis toujours, Aspres sur Buëch est un passage naturel vers l’Italie et les voyageurs pouvaient perdre des objets, notamment leur bourse. Il trouve fréquemment des pièces dans la terre. Nous pique-niquons dans le square à l’ombre d’un cèdre devant l’école maternelle. Nous reprenons la route quasi déserte. A saint Pierre, au lieu-dit” La Source”, Glenda nous informe que l’eau se trouve dans la maison d’à côté. Avec sa sœur et son beau-frère, ils tiennent le camping et des chambres d’hôtes. Ils sont anglais et habitent ici depuis près de 10 ans. Nous lui confions nos sacs et allons chez son voisin. Il vient d’acheter l’ancienne fabrique d’embouteillage de cette eau gazeuse. Il n’est là que depuis 3 jours. La maison pleine de charme est recouverte d’échafaudages. Une fois rénovée, il veut en faire une auberge où les clients pourront boire cette eau bonne pour la santé. En attendant, Gérard ouvre une trappe et je remplis ma gourde. L’eau finement pétillante est délicieuse. De retour auprès de Glenda, nous récupérons nos sacs et repartons.
Glenda Pardoe “La source” 05140 Saint Pierre d’Argenton. tel: 04 92 58 67 81.
A la Baume il y a un gîte où j’ai laissé un message téléphonique. En chemin nous glanons des poires qui fondent dans la bouche. La route toute droite est un peu monotone, mais au moins on avance. En fin de journée nous arrivons devant le gîte : fermé Nous entrons dans La Baume, petit village rustique aux vieux manoirs délabrés. Arrive un ange d’une dizaine d’année, c’est Zoé avec son teeshirt mauve aux deux ailes imprimées. Ses parents tiennent le gîte “Alambic ” fermé pour la saison. Sa mère nous conseille de demander au maire si le gîte municipal est ouvert. Zoé nous accompagne à la maison du maire près de la grotte (la Beaume). Cette fillette respire la joie de vivre et sa conversation est très agréable. Josiane, la femme du maire, accepte de nous ouvrir le gîte. Il très grand, bien équipé, clair et chaleureux ; idéal pour nous! Nous remercions Zoé et suivons Josiane à la mairie. Au retour du travail, son mari s’occupe de la municipalité ; tâche exigeante et très prenante, mais si importante pour le village. Il tamponne nos crédentiales. Josiane fouille dans les placards et nous donne ce qu’elle trouve; des chips, du vin et du café. Elle refuse qu’on paye pour le gîte.
La soirée est très joyeuse chez les pèlerins : une soupe chaude, la pasta, le vin, et surtout cet accueil plein de gentillesse!
Gîte municipal : Gites de France Service Réservation
Téléphone 1 : 04 92 52 52 94 Téléphone 2 : 04 92 52
52 92
Gîte l’Alambic : Mr Hédy AGUERCIF
Tél. :04 92 58 67 33 Email :hedy.aguercif@libertysurf.fr
Samedi 9 octobre 2010 – 61° jour
La Beaume – Moulin de Jansac – 32 km – carte
Nous quittons La Beaume au point du jour et montons à travers la forêt jusqu’au col de la cabre. Au détour du sentier nous croisons des chèvres étonnées par notre présence. Plus loin sur la falaise au bord de la route, un immense cadran solaire donne l’heure au passant. On en voit pas mal dans la région. Le soleil se lève ; la montagne éclate de couleurs. Après des courbes et des courbes, nous arrivons à l’auberge du col de la cabre. José nous sert des cafés – croissants. Il est routier pendant la semaine et vient donner un coup de main à ses amis le week end, car il aime le calme de ce lieu. Nous redescendons à travers un petit sentier en zigzaguant dans la forêt. En bas des champs de lavandes embaument. Mirella et Paolo grignotent des baies acides ramassées aux arbres. J’admire leur connaissance de la diététique !
A Beaurières le trottoir croule de pommes rouges et juteuses. Nous achetons de la Pizza, du fromage et des éclairs au chocolat ! Repas de fête à porter délicatement jusqu’à Lesches en Diois. Nous traversons le village endormi, (village de vacances ?), longeons les tours d’un vieux manoir, passons sur un petit pont en fer et gravissons la montagne. Le sentier ombragé coupe les innombrables boucles de la route. Une fois sorti de la forêt, il parcourt une zone sauvage qui domine toute la région. On entend des aboiements, des cris, les carabines tirent : les chasseurs sont au travail. Je tombe sous le charme de Lesches en Diois. Les maisons croulantes de fleurs bordent une grande pelouse ombragée par de vénérables arbres. Quelques tables sont à la disposition des pèlerins de passage, et chose plus étonnante, quelques alambics prêts à l’emploi. L’incontournable monument aux morts, les tilleuls taillés en boule, la vieille église saint Martin, la vue paisible sur les montagnes bleutée dans ce beau jour d’automne, les sons ricochant dans l’air pur : caquètements, éclats de voix des chasseurs enthousiastes, angelus…Quelle sérénité. On savoure en silence. Les chasseurs nous proposent d’aller admirer leur gibier qu’ils se partagent. Un cavalier nous confit le bonheur qu’il a à chevaucher dans ce si beau pays. Vraiment Lesches en Diois est un village français très attachant. Après le repas, le sentier nous amène au col de Gras à travers la forêt, en surplombant la Drôme. Puis nous descendons graduellement et arrivons dans un site magnifique; le Saut de la Drôme. D’énormes blocs de rocher s’empilent dans la vallée où la rivière se fraie un passage en cascades bouillonnantes, puis en boucles apaisées s’étirant sous des saules. Les touristes se promènent, flânent sur les berges, les sportifs escaladent les parois abruptes, les buvettes tournent à plein. Nous arrivons à Saint Luc en Diois, un village rue assez mort. La vie se concentre au bar de la place. On y boit une bière, on chasse les nuages de mouches et on repart le long de la route, dans une large vallée bordée par les montagnes du Vercors. A Montmaur en Diois, citée blottie autour de sa citadelle, le gîte est pris d’assaut par des motards. L’épicière nous tend l’annuaire ; plus de place nulle part, sauf… au “relais du Seillon”. Tel : 04 75 21 82 32. Nous y arrivons la nuit tombée, un peu flapis. La cuisine de Monsieur Meyer, simple et délicieuse, nous remet d’aplomb.
Dimanche 10 octobre 2010 – 62° jour
Moulin de Jansac – Saillans – 35 km – carte
Après une nuit réparatrice et un petit déjeuner convivial servi par la famille Meyer, nous repartons pour Die par de tranquilles petites routes, bercés par les vrombissements lointains du rallye des motards. Nous longeons la Drôme qui coule au pied des falaises dans son lit de galet. Die s’élève au confluent de plusieurs vallées. Nous pénétrons dans la vieille ville déserte et passablement abandonnée. Sous le porche de la cathédrale, reconstruite après les guerres de religion qui faisait rage dans cette région, on admire quelques chapiteaux anciens. La messe préparée avec soin par des laïcs est dite par un prêtre d’une autre paroisse, la sienne comprend 95 communes ! Paolo, collectionneur de sons, enregistre la messe chantée avec talent par des choristes de Modane. Cette sympathique équipe parle aussi bien le français que l’italien. A la sortie de la messe, ils discutent avec enthousiasme avec Mirella et Paolo. A 10 heures, ce matin du 10 octobre, nous dégustons un verre de clairette de Die, vin doré, pétillant et délicieux.
Entre Die et Pontaix, impossible de ne pas longer la grande route. Le fleuve coule dans une vallée resserrée et longe des falaises abruptes. La nationale occupe toute la place, pas d’espace réservé aux promeneurs et cyclistes! Dommage car ces 10 km sont bien beaux. Pontaix borde la Drôme. Les vieilles maiso ns de pierre abritent des caves où se déguste la fameuse clairette, cultivée dès les Romains. Le château médiéval, l’église à fresques, le pont roman…Pontaix devait être un bourg important mais aujourd’hui tant de maisons abandonnées font peine à voir. Après le village, la vallée s’ouvre largement sur des vignobles dorés. Nous cueillons des figues mûres et chaudes de soleil. Dans la montagne, on entend les clameurs d’une chasse, puis le son d’une petite clochette se rapproche; c’est un maigre chien blanc, aux yeux jaunes, qui fait la chasse buissonnière et nous emboîte les pas avec détermination. Nous voulons acheter une bouteille de Clairette pour ce soir, un point de dégustation est ouvert au bord de la route, nous y pénétrons, toujours suivis par le chien. Brigitte la mère du viticulteur le reconnaît, elle l’enferme et prévient son propriétaire. Puis elle nous sert une coupe de ce vin doré. Elle est infirmière à la retraite et rêve d’aller à St Jacques avec les “filles de Die” ses copines. Petite, elle habitait Die, ville vivante, animée, où ses parents tenaient un commerce prospère, mais aujourd’hui elle déplore la capitale à moitié morte. Elle nous offre la bouteille : “Priez pour nous à Saint Michel !” Nous sommes des pèlerins chanceux ! Brigitte Vincent, Domaine de Magord tel: 04 75 21 71 43. Nous repartons, toujours longeant la Drôme, la route est longue en cette fin de journée. Nous remarquons de petits enclos ceins de murs où un cyprès pousse à côté de quelques tombes souvent abandonnées: ce sont de vieux cimetières protestants. Un étroit défilé débouche sur Seillans, construite sur une boucle du fleuve contre la montagne. Des plaques commémorent l’exécution de Résistants pendant la guerre 39- 45. Les Huguenots, les Résistants du Vercors…Ce pays est une terre refuge pour les insoumis! Des personnes s’activent au centre du village près de l’église, elles vont et viennent des caisses de livres sous le bras. C’est la fin du festival du Polar féminin. Mirella et moi sommes vraiment fatiguées, on s’affale sur un mur et Paolo nous offre une rose. Emmanuel, toujours en forme, va à la rencontre d’un homme. Celui-ci interroge sa voisine, réfléchi, téléphone…il a trouvé quelque chose à 2km et se propose de nous y emmener en voiture. Soulagement de l’équipe, puis émerveillement : C’est chez lui que Louis nous amène. Anne Marie sa compagne, a tout juste eu le temps de préparer les chambres. Ils viennent d’héberger les auteurs du festival, la place est libre pour les pèlerins ! Grands habitués des randonnées, ils savent que la douche est vivifiante, aussi pendant qu’on fait nos ablutions, ils préparent une énorme salade et ainsi que tant d’autres choses (dont la clairette). Les étrangers qui s’assoient à table deviennent rapidement une joyeuse bande de copains, parlant français, italien…La langue n’est pas un problème devant la simplicité et la délicatesse de l’accueil. Nous sommes étonnés du dynamisme de Seillans, où nos hôtes prennent une part active, qui à la bibliothèque, qui au théâtre. Séduis par la beauté de la montagne, ils se sont installés là depuis quelques années et se sentent pleinement acceptés par les autochtones.
Lundi 11 octobre 2010 – 63° jour
Saillans – Allex – 29 km – carte
Louis nous a préparé une surprise, il est sorti dès l’aube acheter du pain frais, des croissants et notre piquenique de ce midi. Sur le départ, nous confions notre journée à Saint Michel que nous remercions pour cette rencontre extra-ordinaire ! Il pleut ! Nous saluons Anne Marie car Louis nous accompagne jusqu’à une petite route tranquille. On se quitte à regrets. La route file toute droite sous la pluie battante. Peut nous importent les flaques et les dégoulinades, nous sommes heureux. Le rythme de la marche nous réchauffe. On ne voit plus rien des montagnes ; les nuages gris masquent tout. Mirabel et Blacons est un village étrange, le nom est joli, mais le village est plutôt un collectif de hameaux. Le long d’une rue, j’avise une petite affiche sur la porte d’une ancienne fabrique : “l’usine à billes”. Étonnée, j’en parle aux autres, quand un jeune homme se présente à la porte et nous propose d’entrer. Il connaît tout des billes et nous fait visiter la fabrique avec passion. Elles y sont toutes : agates, oeil de chat, pépites….Il explique leur histoire, comment les fabriquer, comment y jouer et comment il en est venu à travailler ici. Quelle belle visite ! L’usine à billes Quartier des foulons 26400 Mirabel et Blaconshttp://usineabilles.over-blog.com
Nous croisons des oiseaux migrateurs qui remontent la Drôme. Comme Aouste sur Sye, bâtie sur une voie romaine, le bourg médiéval de Crest s’étire entre le fleuve et la colline. Sur la hauteur le donjon massif domine toute la vallée. Un réseau de ruelles tortueuses et d’escaliers permet de circuler de la ville haute au fleuve. Ce lundi, nous ne croisons pas un chat dans la longue rue piétonne décorée d’étendards multicolores. La pluie continue à ruisseler de partout et les drapeaux pendent tristement. Denis, au café “Le Valence”, accepte bien volontiers qu’on s’étale dans son grand bar vide : on étend nos imperméables pour les faire sécher. Pendant qu’on savoure les sandwichs de Louis, Denis nous avoue que notre pèlerinage le fait rêver. Il en a un peu marre de l’alcool et ses méfaits. Arrivent quelques clients, bienveillants devant notre déballage. Denis nous apporte des croissants qui se mordent les cornes ; c’est le boulanger, attablé au comptoir qui nous offre cette fournée un peu ratée.
Nous repartons sous la pluie, toujours le long de la Drôme, à travers sentiers, chemins, champs, routes…A quelques kilomètres de Crest près d’une ferme aménagée en espace culturel, nous passons devant une étrange maison : 2 sortes d’igloos en béton juxtaposés dont les grandes baies donnent sur un petit patio bien abrité. Cette très astucieuse construction change des incontournables pavillons de monopoly qui envahissent les villes et villages. La pluie a cessé. Nous arrivons à Alex, cette ville comme les précédentes, est bâtie sur la colline autour du donjon. A sa sortie nous frappons au grand établissement religieux saint Joseph. C’est la maison des pères du Saint Esprit. C’était un petit séminaire, aujourd’hui fermé car ne respectant pas les normes européennes. Les pères Dominique et Jean nous ouvrent un réfectoire et dortoir prévus pour 30. On se croirait en 1970: le mobilier, la vaisselle, les box du dortoir, les lavabos alignés dans le couloir…on voyage dans le temps.
Mardi 12 octobre 2010 – 64° jour
Allex – St Fortunat sur Eyrieux – 27 km – carte
Ce matin nous assistons à la messe en compagnie d’une vingtaine de prêtres. Messe simple, célébrée avec dignité et ferveur. Ils nous souhaitent bon pèlerinage et nous repartons sur une jolie petite route à travers vignes et pâtures. Le soleil est de retour. La pluie du lundi a ravivé toutes les couleurs de la campagne. A Lisron, vieux village dominant la plaine du Rhône, nous passons devant des palais abandonnéq, des boutiques fermées, des rues désertes. La vie se trouve aujourd’hui en bas, le long de la nationale 7. Les écoles font grèves, la grogne des français prend de l’ampleur ! Après un café à la terrasse, près de la bruyante nationale, nous repartons et filons tout droit jusqu’au Rhône. Les murs des fermes sont fabriqués avec des galets disposés en chevron, du plus bel effet. Des petits canaux encore bien entretenus amènent de l’eau à des moulins ou des fabriques désaffectées. Nous passons devant l’ancien musée du café : une voiture brûlée, des immondices partout, un mannequin démantibulé et des morceaux de viande et d’os cloués sur la barrière qui pourrissent au soleil ! C’est d’un glauque !
A la Voulte sur Rhône, nous admirons le terrain d’accueil des gens du voyage, propre, bien situé et astucieusement conçu. Pour une fois qu’une commune française non seulement obéit à la loi, mais aménage une aire véritablement accueillante, ça fait plaisir!
Nous franchissons le large fleuve sur un pont suspendu et étroit. La Voulte s’étend sur la colline. Ici, au XIX ème, des fonderies et hauts fourneaux coulaient le fer de l’Ardèche ( 1/3 du fer français provenait de cette région.) Les murs de la ville et du château gardent des vestiges de cette activité. Aujourd’hui, les usines ont fermé, mais la ville située à un carrefour entre routes et fleuve, reste vivante et animée. Nous y faisons une longue pause : sieste pour les uns, visite pour les autres (ou plutôt l’autre: l’infatigable Emmanuel).
Près de la gare, nous passons devant “Train quai”, restaurant aménagé en wagon et en lieu d’exposition. Monique et Jean-Louis tiennent avec passion cet établissement, véritable pôle culturel de la région. (13 avenue Léon blum tel : 0475857152). Plus loin, à Lavinasse nous prenons l’ancienne voie de chemin de fer. Elle domine l’Eyrieux, fleuve fougueux et capricieux. Cette voie ferroviaire a été construite en 5 ans par de talentueux ouvriers, souvent Turcs ou Italiens. Ce fut un travail titanesque : couper la montagne, bâtir des ponts, des tunnels, des murs énormes. Elle a servi de 1891 à 1968 pour acheminer les richesses de la montagne au Rhône. Heureusement qu’elle a été réhabilitée en voie verte. Les garde-fous en métal ajourés de silhouettes d’oiseaux ou de feuillages permettent d’admirer la gorge de l’Eyrieux sans danger. Nous grimpons sans effort, loin des voitures et du goudron. En fin de journée, nous arrivons à Saint Fortunat. Nous cherchons où dormir : tous les gîtes sont fermés et l’hôtel touristique est en travaux. Sylvain et Doris, les hôteliers se mettent en 4 pour nous aider. On leur dit que St Fortunat a un nom de bon augure. Et finalement, on a raison…monsieur Cotte viendra nous chercher après le dîner. On s’offre un repas de fête arrosé de “Saint Joseph”. Les gens viennent de loin pour goûter la cuisine de Sylvain et Doris : la salle est pleine à craquer. Plus tard, monsieur Cotte nous amène à Mondon. Le gîte est idéal et la maîtresse de maison se prénomme…Michelle! St Fortunat porte fortune !
Gîte Chez Michelle Cotte frcotte@laposte.net
Mercredi 13 octobre 2010 – 65° jour
St Fortunat sur Eyrieux – St Pierreville – 26 km – carte
Michelle nous sert un petit déjeuner royal, tamponne nos crédenciales et nous repartons vers les sommets, vers les sources de la Loire. Nous longeons l’Eyrieux sur des routes tranquilles : la voie de chemin de fer est désormais une petite route où les voitures sont rares. Nous passons devant de grands villages de bungalows, en attente de vacanciers. Des panneaux placés le long de la rivière, informent les promeneurs des spécificité de cette région : les nombreuses sources d’eau gazeuse exploitées depuis l’époque romaine, le travail de la soie, le minerai de fer qui rougit l’Eyrieux, les vergers réputés et astucieusement irrigués grâce à des canaux en pierre remontant l’eau du torrent… Au Moulinon, Françoise nous explique que l’énorme bâtiment qui barre la vallée est une usine consacrée à la soie. Dans les magnaneries les vers à soie se gavent de feuilles de mûriers. (Nous avons remarqué mûriers et magnaneries depuis Seillan.) Dans les filatures, on dévide les cocons et assemble le précieux fil de soie, puis intervient le moulinage où le fil est calibré, et enfin le tissage. Au XIX cette industrie était florissante dans la région grâce aux rivières utilisées pour faire tourner toutes les machines, et à la main d’oeuvre locale venue de la montagne. Les ouvrières travaillaient et dormaient sur place. Suite à une maladie du vers à soie qui anéantit les élevages, à l’importation massive de la matière première, puis à la “délocalisation” du travail, il n’y a presque plus de moulinages en Ardèche. Dommage ! Cette activité possible et prospère alors que les machines étaient archaïques et le travail pénible, pourrait l’être à nouveau grâce aux avancées scientifiques et technologiques. Aujourd’hui ce sont de délicieux sorbets qui sont fabriqués dans l’usine, avec des fruits locaux; châtaignes, myrtilles… (Vals glaces). Françoise nous annonce que Moulinon est sur le territoire de Saint Michel de Chabrillanoux ; tous les 2 ans, toutes les communes “Saint Michel” de France se retrouvent pour faire la fête. Nous sommes étonnés, en l’écoutant, du dynamisme et de la vitalité des habitants de ces vallées. Ils ont une vie associative et solidaire qui ferait envie à bien des citadins. D’ailleurs de plus en plus de gens de la plaine du Rhône viennent s’installer par ici. Nous quittons l’Eyrieux à Saint Sauveur où nous déjeunons en terrasse à l’ombre des platanes. Nous franchissons un col après une quantité de courbes où s’égrènent de massives fermes de pierre. Leurs potagers mais surtout leurs vergers nous donnent l’eau à la bouche. Parfois on attrape une pomme, un figue ou des grappes de raisins étonnement sucrées.
De l’autre côté du col nous traversons des châtaigneraies. Des milliers d’énormes châtaignes gisent sur le sol tapissé de filets, prêtes au ramassage. Saint Pierre Ville, capitale de la châtaigne, s’étire sur la colline. La vieille route emprunte un pont médiéval plein de charme en contrebas des murs de la citée. Nous nous rendons au syndicat d’initiative à la recherche de notre lieu d’hébergement. Les gîtes répertoriés sont fermés ou trop éloignés, on nous conseille de voir à la mairie. Là, la secrétaire nous recommande une saintpierrevilloise, paroissienne pleine de ressources. La salle de caté de l’ancien presbytère ferait l’affaire, mais celui qui a la clé est chez le coiffeur. Nous attendons au bar de l’hotel des voyageurs, dont les chambres sont fermées pour la saison : on y déguste les fameuses glaces de Moulino. L’attente se prolonge, certains visitent, d’autres écrivent ou se reposent…Arrivent enfin Claude et Jean. Ils sont méfiants, ils ont déjà été abusés par les “pèlerins” sans scrupule. Manou les apprivoise et finalement ils nous confient le lieu avec un grand sourire. Le père Michel Extra (le bien nommé), nous téléphone longuement. Notre route l’intéresse et il est très content de contribuer à notre accueil. Après avoir partagé la “pasta” bien arrosée de Paolo, nous nous répartissons dans les salles pour une nuit réparatrice.
Jeudi 14 octobre 2010 – 66° jour
St Pierreville – Lachamp Raphael – 24 km – carte
On avait prévu de célébrer la messe en compagnie de Jean et Claude tôt ce matin. Ils ne sont pas là ; nous disons la prière à saint Michel et quittons la ville encore endormie. Nous remontons la Glueyre sur une petite route encaissée entre rivière et montagne. Nous longeons des moulins, des fabriques, vestiges d’un passé industrieux. A Albon d’Ardèche, la grande manufacture bâtie sur la rivière dans un parc à l’entrée du village a des allures de château. Derrière les murs, de vieux cyprès ombragent le minuscule cimetière protestant. Les nombreuses boutiques des villages que l’on traverse ont fermé définitivement leurs volets, restent quelques écoles et garages. Des taxis acheminent leurs clients, souvent âgés, chez le médecin, le coiffeur, dans les épiceries … En haut de Marcols les eaux, le grand bâtiment où est née Françoise de Moulinon est aujourd’hui une maison de retraite. Le bar-épicerie-restaurant ouvrier est tenu par un couple venu de Lyon. Avec beaucoup d’énergie et d’ingéniosité, ils maintiennent un lieu de vie, de services et d’accueil permettant à beaucoup d’anciens de rester au village. Après le village, la Glueyre n’est qu’un filet d’eau que l’on remonte par un joli sentier traversant les pâtures. Puis on s’enfonce plus ou moins au jugé dans une forêt. Plus haut sur le plateau battu par le vent, des vaches massives au poil dru paissent paisiblement. L’air est vif à cette altitude. Le village de Mézilhac, c’est quelques solides maisons construites autour de l’église, sur un col à la croisée des routes. Le bar est ouvert. Une dizaine de gardes-forestiers attablés devisent tranquillement. Madame Ville, vive et souriante, nous prépare un café odorant. Son chien s’installe à nos côtés. Nous cassons la croûte en discutant avec elle et sa mère. Elles confient leur famille et le village à notre prière. Nous marchons sur la route des sucs qui parcourt les alpages entre des orgues volcaniques. Le mont gerbier de Jonc, remarquable avec sa forme de pain de sucre n’est plus très loin. Malgrès le soleil, il fait froid. A la mairie de Lachamp Raphaël, la secrétaire nous donne les coordonnées des gîtes du voisinage : fermés! Elle nous suggère d’essayer l’hôtel des Charmilles, quelques maisons plus loin. Les chambres ne sont plus vraiment utilisées, car hors normes européennes, mais Émile nous accueillera certainement, il faut juste attendre son retour à 18h. Puisqu’il fait un froid de canard, elle nous confie les clés de l’église ; quand nous partirons il suffira de la fermer et de mettre les clés dans la boîte à lettre. A 18h, nous frappons à l’hôtel. Le chien est là, mais personne n’ouvre…Une villageoise nous montre la maison de la mère de l’aubergiste. Sa soeur, bienveillante et amusée n’est pas trop étonnée de l’attitude de son frère, il est avant tout maçon, bûcheron, épicier, et accessoirement, quand il a envie, aubergiste et barman. Elle lui téléphone, arrive à le convaincre et nous accompagne jusqu’à l’hôtel. Emile n’est pas trop content de nous voir. Il a travaillé toute la journée dans la forêt, fatigué, crotté, il n’a aucune envie de papoter avec des touristes. Mais au fur et à mesure de la soirée, il se détend. Il nous cuisine un dîner chaud, trinque avec nous, et regrette de ne pas nous avoir fait de la cric, galette de pommes de terre locale. Sa gentillesse et sa simplicité nous touche.
Vendredi 11 octobre 2010 – 67° jour
Lachamp Raphael – Le Monastier sur Gazeille – 38 km – carte
Emile nous prépare un petit déjeuner chaud et copieux, puis, au comptoir, il parle de notre pèlerinage à un client. On se quitte à regret. Dehors c’est la purée de pois, il fait à peine 2 degrés et la neige est prévue pour demain. On marche d’un pas vif vers les fameuses sources. Le G.R. longe la route à travers landes embrumées et bosquets d’arbres chétifs, déchiquetés par les vents. A 1500m d’altitude, des bœufs insensibles au froid, ruminent dans le brouillard en nous regardant passer. On ne sait pas où est la source de la Loire : il y a 3 lieux certifiés véritables…Emmanuel boit une gorgée bien fraîche de Loire qui coule dans l’abreuvoir d’une grande ferme aux toits de lauze. A l’intérieur, tout est organisé pour les touristes : buvette, produits locaux, vente de tee-shirts du tour de France de cet été. Le long de la route, des vendeurs frigorifiés proposent des pulls bien chauds aux passants. A part nous, il n’y a personne. Les lambeaux de brume se déchirent, le paysage se dévoile sauvage et grandiose sous le soleil voilé. L’étroit sentier traverse un paysage lunaire, caillouteux. Dans un ancien cratère un lac scintille dans la lumière. Le chemin de terre, élastique aux pieds, pénètre dans une forêt piquetée de champignons multicolores poussant entre les bruyères et les fougères. On descend longuement en longeant des bâtiments agricoles ruinés. De splendides chênes bordent l’ancienne route. On arrive au Béage, où dans le restaurant ouvrier, on nous sert un repas pantagruélique qui nous revigore. Nous repartons par la départementale. Le paysage désormais moins désertique et sauvage me semble presque plat au col de Chabanis. De longues routes droites et caillouteuses nous mènent à Présailles. Le curé de saint Michel d’Aiguilhe nous téléphone, nous sommes déjà à la veille de notre but, et don Paul aimerait mettre au point quelques détails. Le maire a pris de nos nouvelles à plusieurs reprises…Ils nous attendent tous !!
En attendant, nous faisons une pause chez Lili. Cette marseillaise pétulante papillonne dans son bar restaurant aidée de consommateurs-admirateurs passablement avinés. De Présailles au Monastier sur Gazeille la route descend fortement en une succession de lacets. Passée la Gazeille, on pénètre dans la ville à la tombée du jour. Devant nous il y a de la lumière à l’auberge des acacias. L’hôtelier nous demande si on fait la route. On suppose qu’il parle de celle de Saint Jacques de Compostelle, on lui répond qu’on va au mont saint Michel. Tout faux! Il parlait de la route que
Stevenson a faite avec son âne, du Monastier à Saint Jean du Gard en 1878. Depuis, de nombreux randonneurs prennent le G.R.70 sur les pas de l’écrivain. Les chambres spacieuses et luxueuses, pour nous qui arrivons de la montagne, tombent à point nommé…nous sommes crevés!
Samedi 12 octobre 2010 – 68° jour
Le Monastier sur Gazeille – Aiguilhe – 21 km – carte
Il fait encore nuit au Monastier. On devine la masse sombre de la grande abbaye romane, aux murs de pierre en damier noir et blanc. C’est elle qui a donné son nom à la ville. Nous achetons des croissants à la boulangerie, mais pour le café il faudra voir ailleurs ; tout est encore fermé. Nous continuons de descendre de la montagne. La route à flanc de coteau traverse de sombres bois de sapins qui embaument au petit jour. D’imposants châteaux forts veillent sur la plaine sillonnée de routes et de rivières. A Courbon, nous prenons enfin un café. La Loire est ici une petite rivière bondissante dans son lit de galet. Le comité d’accueil de l’Aiguilhe nous téléphone, on se rejoindra à Ours pour parcourir ensemble les derniers kilomètres. A Latour, nous quittons la route pour un G.R. qui emprunte de vieux chemins bordés de murs jusqu’à Ours. Nous croisons Bernard, marcheur à plein temps depuis 6 mois, c’est à dire depuis sa retraite. Après avoir fait le tour de sa famille à pied, Belgique, Espagne, France, il retourne chez lui retrouver sa femme. On retrouve l’équipe d’Aiguilhe devant le monument aux morts d’Ours. Michel Roussel ne peut pas rester avec nous, son activité de maire le réclame ailleurs. Il propose d’emmener nos sacs au Puy-en-Velay. Josette, sa femme, Gérard et Annie, Pierre et Michèle nous amènent jusqu’au but par un réseau de petites routes. Ils sont tous très impliqués dans la municipalité et surtout dans leur association qui promeut les chemins reliant les sanctuaires de saint Michel.
Notre timidité fond très rapidement devant leur simplicité et leur gentillesse. Certains apprennent l’italien; Mirella et Paolo sont à l’aise comme des poissons dans l’eau. En descendant au Puy, on entend des clameurs : un grand défilé de protestations contre le gouvernement. Quand on arrive en ville, la manifestation est terminée, la foule se disperse, drapeaux et bannières repliées. Nous nous installons à la terrasse d’un café où nos hôtes nous expliquent le programme de l’après-midi. Aiguilhe est une petite commune attenante et indépendante du Puy. Nous traversons la métropole par de vieilles ruelles montant vers la cathédrale. C’est vraiment une ville de pèlerinage : autour de l’église, de nombreux couvents et hospices ont été construits pour venir en aide aux pèlerins. Ceux-ci venaient de loin prier la vierge noire, ou prendre la route pour saint Jacques de Compostelle. Aujourd’hui encore à la belle saison plusieurs centaines de pèlerins partent chaque jour pour l’Espagne. Nous découvrons, perchée sur son piton volcanique la chapelle saint Michel. Sébastien nous attend pour une visite approfondie. Nous préférons, avant toutes choses, nous recueillir auprès de l’Archange qui nous a guidé jusqu’ici.
L’équipe nous donne rendez-vous à 18 heures au pied du rocher. La visite sera pour demain après la messe.
Nous gravissons la cheminée volcanique à l’aide de l’escalier taillé dans la roche, passons sous la façade sculptée où saint Michel figure en bonne place et pénétrons dans l’église. Nous sommes émus et nous imprégnons en silence de la beauté du lieu. Un petit déambulatoire, bas de plafond, rythmé de colonnes et éclairé par d’étroites fenêtres débouche dans le chœur où les fresques aux couleurs magnifiques recouvrent les murs et la haute voûte. C’est la victoire du Christ nimbé de lumière sur la mort et le mal. Faisant pendant au Ressuscité, l’Archange terrasse le dragon; même combat victorieux pour la plus grande joie des anges. Bonne nouvelle à méditer dans les 4 évangiles, aujourd’hui, demain, toujours, c’est ce qu’évoquent le soleil et la lune. La grande statue en bronze de saint Michel, en retrait de l’autel, semble habitée. Nous sommes bien sur les bancs de pierre.
Nous redescendons pour déjeuner. Il pleut ! Peu importe, la marche est terminée ! Michel nous rejoint au bar. Sa gentillesse et sa délicatesse nous touche.
A 18 heures, on se retrouve dans une salle, au pied du rocher. L’équipe nous a réservée une surprise : une cinquantaine de personnes est là pour un pot de bienvenu. Le maire nous accueille avec un discours et nous offre, au nom de la commune, des livres et C.D. sur saint Michel l’Aiguilhe. La professeure d’italien traduit les paroles de Paolo. Une journaliste interview Manou. Personnellement j’ai l’impression d’être hors réalité : tous ces gens autour de nous, alors qu’on a simplement mit un pied devant l’autre pendant un certain temps. Puis l’apéritif commence, ça parle français, italien, ça plaisante, rit…Une très chaleureuse surprise ! Mais ça n’est pas fini : Daniel et sa femme ont préparé un dîner pour nous. Nous sommes nombreux autour d’une longue table : Michel et Josette, Gérard et Annie, Pierre et Michelle, Sébastien responsable du sanctuaire, Jean-Philippe expert en sentiers et Jean-Claude grand connaisseur d’Aiguilhe. Autour de ce délicieux dîner, copieusement arrosé, nous faisons plus ample connaissance. On nous questionne sur la route, notre itinéraire, les points d’accueil…Ils nous proposent de préparer l’étape du printemps, jusqu’à Brioude. Puis, de fil en aiguille, ils nous demandent pourquoi on a entrepris une telle marche. Emmanuel leur avoue en avoir eu l’idée il y a 4 ans, alors qu’il priait dans la chapelle de l’Aiguilhe. A table, les yeux bleus de Paolo brillent de plaisir, illuminant son visage cuit par le soleil et (ce soir) le vin. Mirella et moi, sommes aux anges! Saint Michel, notre coach est incroyable, comment aurions-nous pû supposer en partant, il y a un peu plus d’un an que cette route nous ferait vivre de tels moments!
Dimanche 13 octobre 2010
Nous nous préparons pour la messe dans le silence de la chapelle saint Michel. Nous y sommes arrivés très tôt. Le jeune prêtre, don Paul, nous accueille avec chaleur. Nos copains d’Aiguilhe arrivent. La messe célébrée ensemble avec simplicité et convivialité, renforce les liens tissés la veille. En compagnie de Paul, Michel, Gérard et Jean-Claude, Sébastien nous présente longuement le rocher, l’église, la façade sculptée…cet ensemble unique, de toute beauté. Nous nous retrouvons tous au bar pour un café d’au revoir.
Emmanuel, Mirella, Paolo et moi restons jusqu’au lendemain au Puy ; quatuor soudé par des milliers de pas. L’après-midi, nous aurons la chance d’admirer une immense fresque de saint Michel, dans la cathédrale.
Le lundi à 7 heure, nous assistons à la messe des pèlerins dans la cathédrale. A la fin de la messe, l’évêque monseigneur Brincard, vient à la rencontre de chaque pèlerin pour discuter avec eux. Nous allons au Mont Saint Michel, ça n’est pas courant au Puy. Il nous questionne en prenant son temps, attentif, curieux. Je suis étonnée d’une telle disponibilité chez un évêque. Michel Roussel vient nous chercher et nous emmène à l’agence de location de voiture. Les Italiens retrouveront celle de Paolo à Briançon, et me mettront au train de
Paris, à Lyon. Aujourd’hui il neige au Monastier…Attendons le printemps, où nous traverserons des mont d’Auvergne en fleur !
Merci Michel ! A bientôt !